Bâti sur une base de pistolet Makarov (
Пистолет Макарова ou, plus couramment
ПМ, en russe) de l'Armée rouge d'antan, le Baikal MP-654K
H (
H =
Новая версия [lire :
Novaya versiya] "nouvelle version") renoue en quelque sorte avec les tous premiers modèles de 1997 et 1998 en proposant aux amateurs d'armes CO2 non pas une "réplique" mais un pistolet constitué majoritairement d'authentiques pièces de Makarov 9 mm.
Destinée à l'origine à l'exportation vers les pays occidentaux, cette version "H" ("N", en caractères latins!) offre des "options" alléchantes : marquages Baikal discrets et vis "basse visibilité" pour percuter la cartouche CO2, afin, de toute évidence, de ne pas trop casser la silhouette martiale de cet ex-Makarov soviétique.
Un démontage sommaire permet de vérifier que le ressort de l'arme à feu originelle est bien de retour sur cette version, comme aux plus beaux jours des Makarov de première génération.
La culasse fraisée et lourde rappelle elle aussi celle dont étaient munis les MP-654K de première génération. Elle comporte en outre un évidement pour l'extracteur au niveau de la fenêtre d'éjection, ce qui est logique, puisque cette glissière équipait autrefois une arme à feu.
L'embase du canon a été sévèrement tronçonnée afin de fragiliser ce point et de rendre impossible toute réactivation de l'arme.
Le système de détente laisse apparaître un marquage (derniers chiffres d'un numéro de série) assez typique des armes de guerre soviétiques.
Dans la série "massacre à la tronçonneuse", la base de la carcasse sur laquelle la crosse vient s'emboîter a été sectionnée. A cela deux raisons : d'une part, la nécessité de faire de la place pour le chargeur et sa cartouche CO2, et, d'autre part, la volonté de fragiliser l'arme pour la rendre définitivement impropre au tir de munitions à poudre.
La crosse en bakélite rousse soviétoïde est maintenue sur la carcasse par une vis qui n'a plus grand-chose à voir avec la vis utilisée sur les Makarov militaires... Il s'agit bien entendu d'une authentique crosse de Makarov militaire russe et non d'une copie en plastique, comme sur de précédents modèles de MP-654K imitant le Makarov de l'Armée rouge.
C'est une fois la crosse retirée que l'on mesure l'ampleur des dégâts de cette "démilitarisation" sur la carcasse du Makarov. Ma théorie personnelle est que Baikal a voulu neutraliser l'arme de façon irréversible afin que les Occidentaux ne ferment pas leur marché à cette très attrayante version du MP-654K - que l'on songe seulement à la nouvelle législation européenne en matière d'armes neutralisées, qui veut qu'
aucune pièce ne puisse être à présent manoeuvrée, chargeur y compris
, faisant perdre par là tout l'intérêt que pouvaient représenter les armes neutra pour les collectionneurs ou simples amateurs d'armes à feu...
Le marché américain est interdit depuis des années aux innocents
Yunker/Юнкер (AK74-M CO2isés) de feu Izhmash, sous prétexte que leurs boîtiers sont issus d'armes automatiques* et peuvent être utilisés pour reconstituer des AK
full auto opérationnels (une rumeur persistante qui n'a jamais été étayée par le moindre début de preuve : c'est ainsi que naissent les
légendes !). Il en a été de même pour les MP-654K, d'où leur relative rareté aux Etats-Unis. L'embargo récent sur les importations russes aux Etats-Unis n'a bien entendu guère amélioré la situation dans un pays où les armes à feu sont pourtant en vente libre !
* c'était effectivement le cas pour le tout premier
Yunker, commercialisé là-bas sous le nom de
Junker (orthographe allemande !) et qui faisait "feu" par sa... baguette de nettoyage !
Le système de fixation de la vis de crosse a été lui aussi modifié, sans que la philosophie qui a présidé au choix de cette solution m'apparaisse comme une évidence
L'intérieur de la crosse porte encore les stigmates d'une vie antérieure autrement plus trépidante
Les pièces du MP-654K "H" réunies à l'issue d'un démontage sommaire.
A gauche, une vis de crosse de Makarov comparée à la vis du MP-654K "H" : la différence est pour le moins flagrante.
Comparaison avec un MP-654K de première génération pour mettre en lumière l'originalité de ce modèle :
Carcasse intacte pour le MP-654K "standard", mais il convient de dire que les modèles standards n'ont pas la carcasse du Makarov militaire mais celle de modèles
civils (Baikal-442, Izh-70; Izh-71...), destinés très souvent à l'exportation.
Le ressort du modèle standard de première génération (en bas) est plus long que celui du modèle "H". Ce sont tous deux des ressorts originaux d'armes à feu.
Le système de fixation de la vis de crosse et de maintien du ressort permettant de bloquer le chargeur est demeuré inchangé sur le PM-654K de première génération.
Remarquez au passage la différence de largeur au niveau de la poignée du MP-654K "standard", modèle
hi-cap ou
double-stack, si vous préférez, par opposition au chargeur
single-stack du Makarov militaire.
Le système de détente est globalement identique mais il faut noter que le chien a été évidé sur sa partie centrale sur le modèle "H", comme sur tous les MP-654K postérieurs à ceux de première et deuxième générations. Autre remarque : le chien du MP-654K "H" est entièrement usiné, comme sa queue de détente, contrairement à ceux de
TOUS les modèles standards, qui présentent des marques laissées par les moules.
Le travail de fragilisation de l'embase du canon du MP-654K "H" apparaît ici clairement quand on compare cette pièce à celle du modèle standard.
Les glissières de ces deux MP-654K sont toutes deux "lourdes" et usinées, à cette différence près que celle du modèle "H" comporte l'emplacement pour l'extracteur alors que le modèle standard n'en avait que sur les tous premiers modèles (1997 à début 1998), qui étaient munis de glissières d'armes à feu.
Un changement de crosse et hop ! Voici mon Makarov soviétique déguisé en Makarov est-allemand... ou presque !
Makarov est-allemand.
Crosse est-allemande et soviétique côte à côte.
Cela dit, le modèle "H" est loin d'être la copie conforme du Makarov militaire : il n'aura pas échappé aux spécialistes que son arrêtoir de culasse et sa sûreté ne sont pas ceux du Makarov militaire mais ceux utilisés couramment sur les chaînes de production du MP-654K. Pourquoi ce choix ? Là encore, le mystère reste entier, mais on peut imaginer que les Makarov de l'Armée rouge mis au rebut ont été entièrement démontés et que seules certaines pièces sont parvenues jusqu'à Baikal. Cette pratique est connue, en particulier en ce qui concerne les fusils Kar98k de l'armée allemande pris après Stalingrad : entièrement démontés pour être stockés en pièces détachées, ils furent remontés dans les années cinquante en prévision du péril capitaliste de la Guerre froide mais certaines pièces, telles que baguettes de nettoyage, contre-vis ou tunnels de guidon furent rejetées comme superflues pour être refondues. Ces Kar98k sont apparus en masse dans les années quatre-vingt-dix sur le marché états-unien sous l'appelllation de
Russian capture(d) K98k et présentent la particularité de comporter des pièces pourvues de numéros de série différents de celui de l'arme et d'être privés (à l'origine, tout au moins) de baguettes de nettoyage, de tunnels de guidon, etc.
Makarov militaires mis au rebut en Ukraine.
Une étude fine des MP-654K "H" permet, de la même manière, de constater que les types de glissières, de détentes, de crosses... dont ils sont constitués ne concordent généralement pas quant à leurs dates de production respectives. En d'autres termes, chaque MP-654K "H" est un modèle "unique" dans la mesure où les combinaisons de pièces de Makarov sont multiples et qu'une même combinaison a peu de chances de se répéter sur deux exemplaires.
(article en construction)