Il y a un domaine dont on parle peu dans la pratique du tir, c’est celui du dopage.
J’aimerais parler ici de l’usage des Bétabloquants dans ce but.
Je ne cautionne pas du tout cela, au contraire bien sûr. Mais je pense qu’il est toujours intéressant de comprendre les choses, leurs modes de fonctionnement etc. Donc uniquement un but informatif et didactique. A partir de maintenant nous donnerons aux Bétabloquants le petit nom de BB
Ce qui va suivre est bien sur une version SIMPLIFIEE de la physiologie du système adrénergique et de la pharmacodynamie des BB.
I Les Bétabloquants késako ?
Les BB sont une classe médicamenteuse qui regroupe beaucoup de molécule dont le mode d’action est similaire : bloquer les récepteurs béta adrénergiques. On les reconnaît à leur suffixe OLOL (PropranOLOL, AtenOLOL, BisoprOLOL…). Il en existe une multitude, dont l’ancienneté de certains ferait passer quelques membres du forum pour des nouveaux nés.
II Physiologie, bases, tralala
Le corps humain est très complexe. Il fait intervenir à tout moment une multitude de mécanismes difficiles à appréhender dont beaucoup ne sont encore pas totalement compris.
Parmi eux, un va nous intéresser : le système adrénergique.
En gros c’est le système d’urgence du corps, celui qui va être mis en jeu en cas de stress ( au sens physiologique, pas psychologique).
Il va faire intervenir des hormones, l’adrénaline, et la noradrénaline. Ce sont des amines, elles sont vasopressives (on y reviendra) donc on les appelle aussi amines vasopressives.
Petit point : une hormone est une substance produite par le corps en petite quantité qui agit sur des récepteurs situés sur la paroi des cellules (membrane), dans leur cytoplasme ou dans leur noyau.
Un récepteur cellulaire est une molécule qui quand elle est couplée à une autre va induire un certain nombre de réaction. Ex : l’insuline se fixe sur son récepteur membranaire pour faire entrer le glucose dans les cellules
Imaginons une situation de stress : vous faites un petit carton, tranquille, 75m avec votre CP88, vous enchainez les 10 sur la cible. Un échauffement quoi. Et là PAF, un ours surgit et se met à vous poursuivre. Vous vous dites que votre CP88 pourrait suffire à résoudre la situation mais malheureusement vos jambes ont décidé de prendre leur indépendance et vous vous mettez malgré vous à fuir. C’est ce qu’on peut appeler une situation de stress.
Dans cette situation votre corps va produire des amines dans plusieurs buts :
- En se fixant sur les récepteurs alpha, cela va entrainer une vasoconstriction afin d’augmenter la pression artérielle. Sauf dans le cœur et les muscles squelettiques (action dite vasopressives)
- En se fixant sur les récepteurs Béta 1 ils vont augmenter la force des contractions cardiaques, leur fréquence, la conduction intracardiaque et l’excitabilité des cellules myocardiques
- En se fixant sur les récepteurs Béta 2 ils vont entrainer une broncho dilatation, et une vasodilatation des artères coronaires et des vaisseaux des muscles squelettiques
- Autres action : augmentation de la glycémie, mydriase (dilatation de la pupille) … et bien d’autres.
- Ils favorisent aussi la contraction musculaire (dans notre cas ça nous intéresse, on y reviendra)
Au total et pour simplifier :
Ils augmentent la tension artérielle, le débit cardiaque, la distribution du sang se fait au profit du cœur et des muscles, ils améliorent la respiration, et ils augmentent l’apport en énergie (via la hausse de la glycémie).
Du coup vous augmentez légèrement vos chances d’échapper au plantigrade qui vous en veux tant.
III Action des Bétabloquants, place dans le tir
Les BB, comme leur nom l’indique, vont se fixer sur les récepteurs Béta 1 et 2, et du coup empêcher les amines endogènes d’agir vu que la place sera déjà prise.
Certains sont dit cardio sélectifs ou non, selon qu’ils se fixent sur les récepteurs Béta présent uniquement dans le cœur ou dans tout l’organisme.
Dans notre cas, à savoir le tir, cela va entrainer une baisse de la fréquence cardiaque et de la contraction musculaire. Du coup ils diminuent les tremblements.
On comprend donc pourquoi TOUT les BB sont considérés comme produit dopants dans la pratique du tir.
IV Des médicaments avant tout
Les BB sont donc considérés comme produits dopants dans la pratique du tir. Mais ce sont des MEDICAMENTS avant tout, avec tout ce que ça implique !
Aussi je vous rappelle que tout ce que j’ai dit n’a qu’une vocation explicative, je pense que leur utilisation pour mieux tiré est au mieux stupide, mais surtout DANGEREUSE
Ils ont des effets secondaires, et des contre-indications, dont certaines absolues. Par exemple l’existence d’un bloc atrio-ventriculaire de haut degrés non appareillé contre-indique formellement leur utilisation et explique pourquoi la réalisation d’un électrocardiogramme est indispensable avant l’introduction d’un traitement par BB.
Je ne saurais être responsable si la connerie d’en prendre sans nécessité médical vous vient à l’esprit.
Je ne sais pas si tout ça est utile ou vous intéresse, si oui tant mieux, si non je le supprimerai dans les jours à venir ! Bon tir et gaffe aux ours !