En écrivant un article sur les disciplines oubliés des JO ( au hasard en 1900, le tir aux pigeons vivants et le tir au canon à 60 mètres, sans public je précise), je suis tombé sur l'histoire hallucinante de Karoly Takacs. Ce champion de tir hongrois se fait refouler des jeux de 1936 car d'extraction modeste. Il perd sa main droite - il est droitier - deux ans plus tard, lors d'un exercice militaire avec une grenade défectueuse. Qu'à cela ne tienne il reprend un entraînement quotidien de la main gauche en secret, et devient champion de Hongrie. Pour l'instant il ne peut aller plus haut, les jeux de 1940 et 1944 ayant été supprimés. Il se présente donc à ceux de 1948, un peu âgé déjà face à ses concurrents, qui pensent du reste qu'il vient juste assister à la compétition. Quand il s'approche du pas de tir, un de ses anciens camarades lui demande ce qu'il fait là. "Je suis là pour apprendre" répond-il simplement. Cette année-là il décroche la médaille d'or et pulvérise le record du monde du tir à 25 mètres (580 points sur 600). Il renouvelle son exploit 4 ans plus tard en 1952. Il est alors le premier double médaillé d'or dans cette épreuve. Il se présente de nouveau en 1956, mais repart bredouille, il a 46 ans. Il faut que je trouve un peu plus à raconter sur le bonhomme - si vous avez des références, un contact qui parle hongrois, je prends - mais je suis fasciné par cette magnifique histoire de détermination et de résilience. Je précise qu'il ne s'est pas présenté aux Paralympiques, qui du reste n'existaient pas à l'époque - les premiers jeux ont lieu à Rome en 1960 et sous leur nom actuel, quatre ans plus tard.